Bach/Part/Janulytė/Mozart à la Maison de la Radio et de la Musique (13 mars 2024)

Un programme qui poursuit ma verticale contemporaine et enrichit mon obsession chaconno-bachienne.

Une dame a osé poser son sac sur ma place (93, rang I, zone 5)
- Mince dit-elle en me voyant.
- C'est moi mince, lui réponds-je, de l'air enjoué de ceux qui aiment frôler avec le retard.
Elle ne me sourit pas.

Le programme s'annonce "spirituelle et universelle" si on écoute Arnaud Merlin qui présente le concert sur France MusiqueTout commence par la deuxième Chaconne de la saisonL'approche de Ji-Seon Park est trop harmonique. Son jeu est trop lié et ne va pas suffisamment chercher la mélodie chez Bach, toujours un peu enfouie. Si j'étais cruelle , j'écrirais que Ji- Seon Park est appliquée mais certains y verraient une facilité. Et pourtant, il faut aller chercher le jeu chez Bach dont la facétie se cache souvent derrière le monument.

Après ma huitaine contemporaine, Arvö Part m'offre quelques mignardises. Schizophrène, il mêle le sublime et le banal, dans la même œuvre, même pas le banal chiant mais le banal désespérant des maitre contemporains qui, de peur d'être révérents, explorent des voies qui ressemblent trop à de communes impasses. Dans Collage sur B-A-C-H , deux univers s'affrontent, un son très clair contre des instruments qui s'accordent en rythme pour accompagner un suspense militaire, puis un motif mélodique, puis une poussée de cordes accompagnée par du hautbois. La musique de Part se déploie en parallèle et s'égare dans son refus de continuïté.

Dans la première partie de Tabula rasa, Arvö Part toujours présente une partition alerte et interrogative. Nous y sommes. Le programme prend tout sa cohérence. Cette première partie s'appelle Ludus, "le jeu" pour ceux qui auraient arrêté, comme moi, le latin en fin de quatrième -merci monsieur Meynard pour tous vos découragements à apprendre une langue morte - et la dualité entre le violon et l'alto, dont les jeux s'entremêlent, fonctionne très bien. Silence... lenteur... répétition...La seconde partie repose sur ce triptyque dans une descente chromatique que vient briser l'intervention du piano préparé. Vous pouvez arrêter. On a compris. Continuité-rupture. Glissement-accident. On peut s'arrêter

Nous avons droit à notre commandeRadioFranceencréationmondiale d'usage, un prétentieux exercice de réglage de la mire, qui transformerait Part en maitre de la joie créative. Cette courte oeuvre Justė Janulytė est censé précéder l'écoute de la symphonie n°40 de Mozart. Heureusement que cet apéritif n'a même pas la force de laisser un arrière-goût. Ce tapis indistinct, dramatique et tremblant nous l'avons entendu mille fois, peut-être cent, au moins dix et on se demande si ce consommé inbouffable est bien nécessaire et apporte la moindre note à Mozart. Le public, modérément enthousiaste pour ce motif décoratif, applaudit poliment quand même.

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On applaudit entre les mouvements maintenant ? Apparemment, entre le premier et le deuxième. Avant, on préférait tousser ou se racler la gorge.
Fallait-il y aller? Dans l'ordre, pour Mozart, Bach, Part et Janulytė.

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